Inoubliable voisin – Premier chapitre

1. Julie

Cette journée m’a littéralement épuisée ! Je me dirige vers ma Golf en traînant des pieds, comme si toutes mes forces m’avaient abandonnée. Ma sacoche semble peser une tonne tout comme mes escarpins. Ma tête est pleine de chiffres et de dates, et je sens déjà une migraine pointer son nez.

Ces bilans vont finir par me tuer !

C’est toujours comme ça à cette période. Tous les clients se réveillent en même temps pour faire établir leur bilan comptable à temps et je me retrouve submergée de dossiers à traiter en urgence. Je suis même obligée d’en ramener chez moi certains soirs si je veux pouvoir tout régler à temps pour l’échéance. J’en ai d’ailleurs trois dans ma sacoche pour ce week-end.

Je m’installe dans ma voiture et démarre. Je mets la musique à fond, en espérant que les basses me réveilleront assez pour que j’arrive chez moi sans sombrer. Je conduis pratiquement en pilotage automatique. Je n’ai qu’une envie : enlever mes talons et me poser dans le canapé ! Mais je ne peux pas. Je suis censée retrouver Pauline dans vingt minutes à la terrasse de notre restaurant préféré.

Une fois garée, je ferme à clé ma voiture et prends l’ascenseur jusqu’au cinquième. La moquette bleue d’habitude parfaitement propre arbore des traces de pas pleins de poussière, mais tout semble pourtant tout à fait normal. Il n’y a pas un bruit dans le couloir et personne aux environs. Je ne me pose pas plus de questions, ma tête me fait de plus en plus mal et si je ne prends pas un cachet tout de suite, je n’arriverai jamais à ressortir de mon appartement. Je cherche mes clés dans le fond de mon sac pendant quelques secondes. Je dois être vraiment fatiguée pour ne pas les avoir rangées dans la poche intérieure, comme à chaque fois. Je finis par les trouver et par entrer dans mon appartement.

Une douce odeur de frais et de fleurs envahit mes poumons et je me sens comme revigorée, je suis enfin chez moi. Mon appartement est l’endroit où je me sens le mieux. Il est décoré selon mes goûts et sent toujours bon. C’est l’avantage de vivre seule, je peux disposer des fleurs où j’ai envie, et allumer ma lampe Berger quand je veux.

Après avoir pris un cachet avec un grand verre d’eau, j’enlève mes escarpins noirs et décide de m’accorder cinq minutes dans le canapé avant de devoir me changer. Ma tête est lourde et tombe toute seule en arrière pour se caler dans le coussin. Je ne me sens pas partir.

Je me réveille vingt minutes plus tard, grâce à la sonnerie de mon téléphone. C’est un message de Pauline qui m’indique qu’elle sera en retard. Je pousse un soupir de soulagement.

Heureusement que Pauline est systématiquement en retard !

D’habitude, je passe le début de soirée à l’attendre, mais cette fois ce temps va m’être utile. Je commande mon Uber en le planifiant quinze minutes plus tard et je file me préparer. Douche, maquillage, et petite robe noire simple. Je passe des collants et des bottes, et je suis prête. Ma tenue est sobre, mais je sais très bien que Pauline va essayer de m’emmener faire la tournée des bars après notre dîner, donc je préfère ne pas trop me faire remarquer. De toute façon, avec elle à mes côtés, je ne peux pas passer inaperçue !

Mon chauffeur s’appelle Paul et est plutôt gentil. Il me fait la conversation, on évoque les sujets traditionnels, la météo, le trafic, sa clientèle. Rien de particulier, mais ça fait passer le temps. Le dernier Uber que j’ai pris, il y a deux semaines, m’a à peine regardé quand je suis montée et il ne m’a pas adressé la parole de tout le trajet, les vingt minutes les plus longues de ma vie !

Une fois arrivée à destination, je le remercie chaleureusement pour ce trajet agréable et je me dirige vers la terrasse du « Pizza Milo » où Pauline m’attend déjà. Pour une fois !

– Tu es en retard !

– Et tu es à l’heure !

Pauline rit et me prend dans ses bras, comme à chaque fois qu’on se voit. Elle rayonne et attire tous les regards avec son jean moulant et son pull rouge au décolleté plongeant.

– Tu es trop classe dans cette robe ! Et avec les bottes, c’est sexy !

– À côté de ton décolleté, je passe inaperçue !

– Pas sûre ! Les mecs adorent les bottes. On verra plus tard quand on ira en boîte.

– Je ne suis pas sûre d’être en état pour ça ! Et je dois encore traiter trois dossiers demain.

– Justement ! Raison de plus pour t’amuser ce soir si tu bosses sur ton week-end !

Le serveur vient prendre notre commande et me lance une œillade appuyée d’un grand sourire. Ce n’est pas la première fois, mais comme à chaque fois, je ne réponds que d’un petit sourire timide. Pauline me regarde, amusée, avec un regard que je connais bien, les bras croisés sous sa poitrine.

– Arrête de me regarder comme ça !

– Pourquoi tu lui réponds pas ? Il est mignon, il a l’air gentil et il te fait toujours de grands sourires à chaque fois qu’on vient.

– Pauline…

– Quoi ? Je lui donne au moins 8 sur 10 ! lance-t-elle avec un grand sourire.

Je ne veux pas l’encourager, mais un sourire fend mes lèvres malgré moi.

– Toi et ta manie de tout noter !

– Alors ? Pourquoi ?

– Je sais pas, il manque la petite étincelle.

– Tu n’as pas eu de copain depuis 2 ans. De vrai, je veux dire. L’étincelle peut venir plus tard. Tu devrais peut-être lui laisser sa chance.

Il nous amène nos boissons juste à ce moment-là et je dois lutter pour ne pas me cacher. Pauline n’est pas gênée à l’idée qu’il ait pu l’entendre, mais moi oui. Je me recroqueville sur ma chaise jusqu’à ce qu’il reparte. Le regard de Pauline s’assombrit en me voyant et je vois l’inquiétude la gagner. Elle semble hésiter à parler et se mord la lèvre avant de finalement se lancer.

– Tu n’envisages pas de te remettre avec Fabrice quand même ?

– Hein ? Non ! On n’aurait même pas dû tenter quoi que ce soit.

– Je l’adore, mais tu mérites mieux que lui. Il te faut un vrai homme, pas un comptable ennuyeux. Tu le trouveras peut-être ce soir !

Pauline tend son verre de mojito vers moi avec un grand sourire et je ne peux m’empêcher de rire en voyant son enthousiasme. Je cogne mon verre contre le sien en trinquant à cette soirée.

Pauline a décidé de faire durer cette soirée jusqu’au petit matin. Elle sait déjà dans quelle boîte elle va m’emmener. Après un dîner plein de rires, je me sens pleinement réveillée et prête à danser. Je la laisse me conduire jusque sur les quais de Seine. Je ne sais pas où on va, mais je lui fais entièrement confiance. On arrive au bord d’une péniche, d’où s’échappe de la musique entraînante. J’ai déjà envie de me déhancher et je sais d’un coup d’œil vers elle que c’est aussi son cas.

Le videur nous examine deux secondes avant de nous faire entrer avec un « Bonne soirée, mes demoiselles » et un clin d’œil. On se dirige directement sur la piste pour danser sur la chanson de David Guetta qui passe. Pauline attire tous les regards avec sa tenue et son déhanchement. On danse sans se soucier du monde autour de nous, on rit et on profite de ce moment de relâchement.

Comme à son habitude, Pauline ne tarde pas à être rejointe. Alors qu’on fait une pause pour boire un verre au bar, un homme brun se présente et commence à discuter avec nous. Pauline est clairement celle qui l’intéresse vu sa façon de la regarder, mais je ne suis pas laissée de côté pour une fois. Ils s’entendent plutôt bien, et vu le comportement de Pauline avec lui, je n’ai pas besoin de lui demander pour savoir qu’il lui plaît. Après plusieurs minutes de discussion, ils finissent par aller danser. Je les suis et me mets à l’écart pour les laisser tranquilles tandis que je continue à danser de mon côté.

Ça se passe souvent comme ça. Elle rentre accompagnée et moi je prends un Uber pour rentrer seule. Bien sûr, il m’est déjà arrivé de rentrer avec quelqu’un, mais les rencontres en boîte ne donnent jamais quelque chose de sérieux. Ça lui convient à elle, mais ce n’est pas mon truc.

 

Je rentre chez moi vers quatre heures du matin, seule, mais contente de cette soirée malgré tout. Je pose sur la table mon sac et le numéro du jeune homme qui a dansé avec moi une bonne partie du temps. Il était plutôt mignon, mais je ne suis pas sûre de le rappeler. Je n’ai pas eu de coup de cœur, comme souvent.

Ça fait longtemps que je n’en ai pas eu.

Je me couche dans mon grand lit, seule, avec un petit pincement au cœur malgré tout en réalisant que cette solitude commence à me peser.

Contient une scène spicy.

Tropes: friends to lovers, père célibataire, les opposés s’attirent

Sujets abordés: garde partagée, ami d’enfance, harcèlement scolaire, différence sociale

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