Encré sous ma peau Tome 1 – Premier chapitre
1. Dan
Je regarde une dernière fois l’heure sur la télévision avant de me reconcentrer sur mon travail en cours. Un documentaire sur les pilotes moto passe à l’écran et distrait mon client qui me confie son mollet pour la deuxième fois. Ça ne me gêne pas, j’ai l’habitude de travailler dans le bruit et d’écouter d’une oreille. L’autre étant occupée par le bruit de la machine qui vibre entre mes doigts. Je trempe la pointe dans le petit godet d’encre rouge, passe mon doigt plein de crème sur la peau et remplit la zone de rouge écarlate. Avec des mouvements fluides et aussi légers que possible, je pique avec ma machine et effectue un dégradé sur la peau rasée de Franck, mon client le plus fidèle.
Comme à son habitude, il ne dit rien et serre les dents malgré la douleur qui doit le lancer. La peau du mollet peut être assez douloureuse pour certaines personnes et je sais que c’est son cas. Il n’est pas douillet pourtant. En tant qu’ancien militaire, il en a vu d’autres, et c’est son cinquième tatouage. Aucun autre tatoueur ne l’a jamais touché, je suis le seul qu’il veut. Ancien ami de mon père, il compte pour moi comme s’il était mon oncle, même si je le vois rarement en dehors du salon.
Je repasse un coup de crème avant de reprendre mon balayage lent. Les multiples aiguilles montées sur ma machine transpercent sa peau pour y déposer la juste dose d’encre et sublimer son tatouage. Une moto sportive en plein wheeling. Il est aussi passionné de moto que moi, même si je n’en ai aucune sur ma peau. En tout cas pour l’instant. Je ne me suis pas fait tatouer depuis des années, je ne suis plus capable de confier ma peau à quelqu’un d’autre. À personne en réalité.
Je remplis encore une dernière zone avec attention, puis je badigeonne la zone de mousse, avant de passer un long filet d’eau sur le tatouage frais que j’essuie d’un papier absorbant. Le tatouage se révèle, et un grand sourire nait sur mes lèvres.
Putain, elle déchire !
Je suis fier de moi, clairement. J’ai fait des tatouages bien plus gros, des dos entiers, des paysages, mais celui-là… Je ne suis pas objectif, on est d’accord ! Dès qu’il s’agit d’une moto, je suis fan.
– Vas-y, Franck. Tu peux aller voir.
Franck pousse un soupir de soulagement et descend avec précaution de la table. Une fois bien placé, il se retourne et admire son mollet dans le miroir sur pied installé dans un coin.
– La vache ! En noir et gris, elle était déjà géniale, mais là ! T’es un chef !
– Je suis le boss, tu peux le dire.
Il rit et se retourne encore pour admirer sa moto rutilante gravée à jamais sous sa peau.
– Merci, Dan.
– De rien. Les soins comme d’habitude, tu mets la crème ce soir et tu laisses respirer.
– Oui, chef ! lance-t-il avec un petit geste militaire d’obéissance.
J’enlève mes gants noirs que je fais claquer dans un bruit satisfaisant. Je me lève et étire mon dos un peu courbaturé d’être resté assis 2 h d’affilé, penché sur sa jambe. Franck me règle et s’en va après m’avoir promis de repasser bientôt, comme à chaque fois.
Je m’occupe de ranger, de nettoyer la table et stériliser tout ce qui doit l’être. Je baisse le rideau de mon salon, puis je sors par la porte de derrière que je verrouille après avoir déclenché l’alarme. Je vérifie deux fois que tout est fermé avant de me tourner vers mon bébé qui m’attend bien sagement sous son auvent dans la cour.
Ma moto. Ma GSXR noire.
Je caresse du doigt la courbe de son réservoir en l’enfourchant et souris sans même m’en rendre compte. C’est mon moment préféré de la journée. Peu importe si je rentre chez moi ou non, si je vais loin ou non, j’adore ce moment où je prends la route avec mon bolide. Je la démarre et le son qu’elle pousse me donne un frisson d’excitation.
Putain, ce que j’aime ce bruit !
J’ouvre la grille et sors ma bécane au ralenti avant d’en descendre pour refermer à clé. Puis je remonte dessus, passe mon casque et tourne l’accélérateur pour l’entendre rugir. Un bruit rauque s’échappe et résonne dans la rue. Les voisins ont l’habitude, et honnêtement je me fous de leur avis. Certains ont déjà essayé de me faire arrêter, mais je les ai envoyés chier comme il faut et personne n’a réessayé.
Je prends la route et file à toute vitesse à travers les rues calmes de la ville. Le salon n’est pas dans le centre, en tout cas pas totalement, donc c’est plutôt calme. Et tout le monde est parti pour les vacances d’été. En aout, les gens vont plutôt à la plage qu’à Strasbourg. Mais pas moi. Je prends rarement des vacances et quand c’est le cas ce n’est surement pas en juillet-aout. Je ne veux pas me mélanger avec toutes ces familles, tous ces couples qui prennent la place sur les plages et dans les restaurants. Et en général, paradoxalement, j’ai pas mal de boulot au salon sur cette période.
Je me dirige vers le bar de mon ami devant lequel je me gare à ma place réservée. Une place où je peux la garder à l’œil de l’intérieur. Une fois arrêté, je pose le bloc disque et attache mon casque à l’arrière avant de passer mes mains dans mes cheveux. Avoir les marques du casque dans mes cheveux en brosse est loin d’être sexy. Je rejoins Zack à l’intérieur en prenant place sur un tabouret devant le bar.
– Hey ! Ça va ?
– Très bien, et toi ?
– Comme d’hab. Tu as de l’aide à ce que je vois ? Ses potes sont pas la ?
Je désigne la jolie nana derrière lui d’un geste du menton.
– Non, Mélanie a besoin de se changer les idées, donc elle m’aide un peu.
– Intéressant.
– Je te vois venir, mais n’y pense même pas !
Je ris en voyant la mine sérieuse de mon meilleur ami.
– Déjà, de un, tu sais que tes menaces ne fonctionnent jamais sur moi. Et de deux, elle te plait, tu crois vraiment que je tenterai quoi que ce soit ?
Son regard me scrute, mais n’insiste pas. Il sait que même si je suis du genre à faire n’importe quoi, son amitié est la chose la plus précieuse pour moi. La seule que j’ai gardée de mon ancienne vie.
– Il y a suffisamment de nanas dans le bar ce soir de toute façon.
– Salut Dan !
– Ça va, Mélanie ? T’es toute seule ce soir ?
– Oui, je… Je suis venue voir ce que ça fait d’être derrière le bar pour une fois.
Je reconnais le voile qui passe devant ses yeux et ma gorge se met à bruler. Je connais ce regard, cette petite intonation aiguë dans la voix pour réprimer la douleur.
– Si t’as besoin d’aide, je suis là, je lance avec un clin d’œil qui lui déclenche un rire franc.
– Vous êtes vraiment pareils tous les deux.
Elle part dans l’autre direction en souriant à Zack qui profite qu’elle tourne le dos pour me donner une tape sur la tête.
– T’es bouché ou quoi ?
– C’est plus fort que moi !
Je souris à pleines dents, aussi bien pour l’énerver que pour les nanas qui me regardent de l’autre bout du bar. Mon sourire de dragueur ne lui fait ni chaud ni froid, et il me sert une pinte sans que je n’aie à demander quoi que ce soit. Il me connait. Il sait que j’ai déjà repéré les deux nanas qui discutent à quelques mètres de moi.
Je discute un moment avec lui et patiente un peu avant de finalement aller voir les deux petites brunes qui m’observent de loin sans oser venir. Je ne suis pas adepte de la patience et je suis encore moins à cheval sur les conventions. Alors deux filles, pourquoi pas ? Je leur offre une tournée et m’installe à côté d’elles. Je n’ai pas à faire grand-chose en réalité pour les sentir intéressées, mais je ne suis pas un goujat non plus. Enfin pas complètement. Elles sont assez jolies et plutôt bien foutues. De jolis petits culs même si je ne les vois pas très bien vu qu’elles sont assises. Et des poitrines plutôt généreuses. Tout ce que j’aime. Je récolte quelques informations sur elles, des touristes qui ne sont là que pour quelques jours encore.
Parfait !
Quand Zack vient nous demander si on veut autre chose à boire, je leur glisse à l’oreille qu’on serait plus tranquille ailleurs. Elles échangent un regard avant de se lever de concert en direction de la sortie.
– Tu veilles sur ma bécane ?
– Comme d’hab.
Je ris et rejoins les deux filles au-dehors pour leur emboiter le pas en direction de leur hôtel.
Contient des scènes spicy.
Tropes: sex friends to lovers, les opposés s’attirent, tatoueur
Sujets abordés: femme battue, perte d’un proche, cancer, trahison, contrôle familial
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